Musée olympique de Lausanne, les footballeurs de Niki de Saint Phalle

20/09/2020

Outre une population comparable à celle d'Angers, Lausanne partage un point commun avec celle-ci en exposant une œuvre de Niki de Saint Phalle. À l'image du Musée des beaux-arts d'Angers qui abrite l'Arbre aux serpents, la quatrième ville de Suisse, quant à elle, héberge une œuvre signée de cette artiste engagée, les footballeurs.

Une vue imprenable sur le Léman, les Alpes et la France pour les footballeurs de Lausanne (photo Angers Etc.)
Une vue imprenable sur le Léman, les Alpes et la France pour les footballeurs de Lausanne (photo Angers Etc.)

Immanquable, saisissante, presque ostentatoire cette sculpture. À l'entrée du parc du Musée olympique de Lausanne, surplombant les rives du lac Léman, côtoyant le baron Pierre de Coubertin et la flamme olympique, cette création de Niki de Saint Phalle attire la lumière sur elle. Sur les 8000 mètres carrés d'un jardin aux pelouses dignes d'un gazon anglais et aux allées soigneusement entretenues, se dressent, parmi les statues de bronze des plus illustres champions, deux footballeurs aux couleurs chatoyantes. Comme surgis d'un catalogue de jouets.

Ils sont deux. L'un est debout, peau d'ébène, ballon contrôlé et collé aux genoux, en train de s'envoler vers le but adverse. L'autre est couché au sol, peau rose, en train de réaliser un tacle dans une glissade désespérée. Dans ce duel qui oppose deux hommes, on ne sait pas qui va avoir le dernier mot... Des formes très rondes, des visages dénués de traits, des couleurs vives, des dimensions imposantes, une exubérance incarnée : ces exagérations portent une signature reconnaissable entre toutes. Niki de Saint Phalle, l'artiste franco-américaine, est passée par là. Ses deux footballeurs dominent fièrement leur carré d'herbe avec vue sur le Léman et les Alpes.

Dans ce beau parc en terrasse, à proximité des somptueux hôtels qui bordent les quais du non moins joli port d'Ouchy, cette réalisation de 1993 - qui faisait suite à une commande du CIO - pourrait presque surprendre quand on connaît la légendaire sobriété des voisins helvètes... Mondialement reconnue du grand public pour ses sculpturales Nanas, celle qui refusa la Légion d'honneur du ministre de la culture, Jack Lang, a choisi de jeter son dévolu, non pas sur des sportifs représentatifs de l'olympisme comme Paavo Nurmi (Finlande) ou Emil Zatopek (Tchéquie), mais sur d'anonymes footballeurs.

Comme un contre-pied au formalisme du lieu, dans ce quartier très huppé d'une ville qui accueille toutes les institutions mondiales sportives (Comité International Olympique, Tribunal Arbitral du Sport, Agence mondiale anti-dopage, Musée Olympique), Niki de Saint Phalle rend hommage au sport dans ce qu'il a de plus populaire à travers ce tacle de footballeur... Lausanne, capitale olympique ? Oui, mais aussi plus que cela....