La police européenne aux trousses
Soudain, le ciel vous est tombé sur la tête ! On vient de vous avertir que vos jours de liberté étaient comptés car vous êtes fiché comme étant un délinquant. À votre grande sidération, on vous annonce que vous faites l'objet de poursuites judiciaires étayées par de graves chefs d'accusation. Pire encore, une convocation sera à honorer dans les plus brefs délais. À moins que...
Le courrier à en-tête de l'Office européen de Police (Europol) et du Ministère de l'Intérieur n'a pas été déposé dans votre boîte aux lettres comme au temps des facteurs, ni au moyen d'un avis recommandé avec accusé de réception. Vous l'avez reçu via votre adresse mail et il est en tout point identique à un document officiel, d'autant qu'il est dûment approuvé par le cachet Europol, La Haye, Pays Bas.
La lettre d'accusation se veut frontale et vise à détruire le plus inflexible des destinataires : « Suite à une cyber infiltration (autorisée, notamment en matière de pédopornographie, pédophilie, Cyber pornographie, exhibitionniste, trafic sexuel depuis 2009), vous êtes informé que vous faites l'objet de poursuites judiciaires. Vous êtes prié de vous faire entendre par mail en nous écrivant vos justifications pour qu'elles soient mises en examen et vérifiés (sic) afin d'évaluer les sanctions, cela dans un délai strict de 24 heures ».
En clair, vous faites l'objet des poursuites ci-après : « pédopornographie, site pornographique, cyberpornographie, pédophilie, exhibitionnisme ». Un mandat d'arrêt va être établi par la Magistrale au service criminel de la cour d'appel de Versailles à votre encontre et transmis à la Gendarmerie la plus proche de votre lieu de résidence.
Mais avant de vous présenter à une convocation judiciaire, on veut bien vous écouter au moyen d'une réponse par mail (tiens donc !) auprès d'un cyber gendarme afin d'évaluer les sanctions à venir. Alors, doit-on croire que des niveaux de gravité pourraient se plaider en échange d'un petit clic ? Vous proposerait-on de vous dédouaner et de graduer les poursuites qui vous guettent ? Sans réponse dans ce sens, la menace persiste.
Puis, d'implacable, l'énoncé amorce un virage inattendu au fur et à mesure de son déroulé, les émetteurs évoquant leur intention de « transmettre votre dossier à plusieurs chaînes de télévision nationale d'information pour une diffusion ou votre famille, vos proches et tout le monde entier verront ce que vous faites devant votre ordinateur ». Étonnamment, la rigueur initiale du propos a cédé sa place à l'incongruité, d'autant que la menace ultime vous laisse pantois : « Maintenant, vous êtes avertis ».
Circonspect, abasourdi et tétanisé que vous êtes, vous faites le mort, préférant laisser du temps au temps. Sait-on jamais ! Et miracle, la police ne viendra pas au petit matin pour procéder à votre arrestation. Votre honneur demeure sauf. L'évidence s'est imposée, vous avez été victime d'une tentative d'escroquerie qui n'a d'autre but que de récupérer vos coordonnées bancaires.
Et comme ces arnaqueurs en série ne doûtent de rien, ils utilisent l'identité de personnalités officielles afin de signer leur méfait. Au point que les moteurs de recherche associent les patronymes usurpés à du phishing plutôt qu'à des états de service ou des statuts. Un comble ! Depuis, et régulièrement, les autorités appellent les internautes à des mesures de prudence et les invitent à ne jamais communiquer leurs données personnelles, ces faux mail n'ayant pour but que l'escroquerie.
Pour en savoir plus et dénoncer toute pratique frauduleuse, genre escroquerie ou tentative de hameçonnage., le site de la CNIL.