L’univers impitoyable d'Amazon… qu’on adore consulter
On a tout dit sur les fameux Gafa, hier Gafam, (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, sans omettre les Uber, Twitter, AirnB et tutti quanti), ces géants du numérique qui ont envahi nos quotidiens. Avec leur comportement de rouleau compresseur, ils ont inventé un nouveau monde qu'ils ont fondé en s'appuyant sur internet. Dans ce monde où ils nous aspirent, on peut même y trouver sa place.
Est-il possible d'effectuer une recherche sur internet en évitant Google, sachant que 90% des requêtes y sont concentrées (il en reste 10% à se partager pour les autres moteurs) ? Est-il possible de communiquer à la vitesse de l'éclair plus vite que sur Facebook, et de trouver ses amis ailleurs que sur ce gigantesque maillage (oui avec Twitter, Instagram et d'autres colosses du genre) ? Est-il plausible d'ignorer la plus grande boutique en ligne du monde, celle où vous êtes certain d'y trouver l'objet le plus inimaginable (Amazon sait faire cela) ? On pourrait aussi citer de nombreux mastodontes aux objectifs tout aussi tentaculaires.
Chacun admet l'influence grandissante de ces acteurs qui s'emparent de pans entiers de l'économie, qui les autorise à s'affranchir des frontières, qui remet en cause la politique des États par le pouvoir de l'argent, qui déplace la géographie de l'économie et des emplois, qui concentrent vos données personnelles dans leur big data. Les gentils fondateurs de startups d'hier sont devenus des prédateurs identifiés qu'il convient de contenir. Pour de nombreux gouvernements - pas tous car certains s'y retrouvent avec leur fiscalité, tandis que d'autres y perdent avec la leur - le rouge est mis.
Mais il est trop tard. Ces gens conditionnent le monde à leur main, doucement, irrésistiblement et se fabriquent un avenir en dehors des règles. Au-dessus des États, forts de leur hégémonie sans frontières. C'est si vrai qu'ils fixent eux-mêmes la part d'impôts qu'ils doivent à leurs pays d'accueil, bien en-deçà du commun des contribuables. Ainsi, à propos de la taxe dite Gafa, votée par le gouvernement français, Amazon a décidé de la répercuter aux entreprises qui utilisent la plateforme de vente, sans autre forme de discussion. Et que dire de la législation du travail que ce géant remodèle selon sa propre culture d'entreprise.
Au même titre que ses homologues de l'internet, Amazon inspire de ce fait les pires craintes en motivant une unanimité planétaire contre lui. Certes ! Et pourtant... Qu'ils sont efficaces ces diaboliques commerçants d'un nouveau genre ! Cherchez un produit rare, disparu ou même imaginaire, tapez votre requête dans un moteur de recherche et attendez... Bingo, ça vous tombe dessus, le truc existe. Et chez qui le trouvez-vous ? Ben oui, chez eux. Trop forts, et tellement infaillibles, ces omniscients de Seattle ! Le dernier mot leur appartient toujours...