Guerre de Cent Ans, la bataille du Vieil-Baugé

04/07/2021

Il y a 600 ans, en pleine guerre de Cent Ans, un épisode sanglant, qui fit plus d'un millier de morts, se déroula sur les terres d'Anjou à quelque 45 kilomètres d'Angers. Ce 22 mars 1421, durant le plus long conflit qu'ait vécu la France de toute son histoire, la bataille du Vieil-Baugé opposa les troupes anglaises à la coalition franco-écossaise.

 La bataille du Vieil-Baugé a vu la défaite de l’armée anglaise.
La bataille du Vieil-Baugé a vu la défaite de l’armée anglaise.

En quittant la Normandie à la fin de l'hiver, après avoir fait tomber des villes, des forteresses et des châteaux, les troupes anglaises commandées par le duc de Clarence, frère du roi Henri V, traversent le Maine et une partie de l'Anjou en semant la terreur. Cette armée s'arrête avant la Loire, au sud de Baugé, dans le but de gagner Beaufort-en-Vallée, puis Tours, en suivant l'antique voie romaine.

Tandis que le royaume de France traversait les tourments d'une profonde crise ainsi qu'une guerre civile divisant le pays entre Armagnacs et Bourguignons, l'ennemi anglais s'apprêtait à conquérir les dernières provinces après avoir ravi nombre de places fortes et de villes stratégiques. En ce début d'année 1421, au milieu d'une guerre interminable qui débuta en 1338 entre les Plantagenêts et les Valois, l'armée anglaise s'est ainsi mise en route pour prendre l'Anjou, l'une des plus fidèles provinces du dauphin Charles.

Pendant ce temps-là, la résistance s'organise par le biais de la noblesse de l'Anjou et du Maine qui fait lever des hommes. Le dauphin, futur roi Charles VII, envoie une partie importante de son armée composée d'Écossais, rejoints par les Gascons et les Languedociens. Ses troupes s'arrêtent à Baugé et ses environs et vont bientôt se retrouver face à l'ennemi. Au total, entre 6000 et 7000 hommes sont réunis sous le commandement du général John Stuart, comte de Buchan, du côté des Écossais, et par le chambellan du dauphin, Motier de Lafayette, du côté des Français.

À proximité de Baugé, les Anglais passent devant le Vieil-Baugé et aperçoivent des archers écossais sur les hauteurs, ce qui les incite à rompre unilatéralement la fragile trêve pascale conclue entre les deux parties. Pour affronter ces derniers, les cavaliers anglais doivent traverser le Couesnon alors en crue. L'étroitesse du passage ralentit hommes et chevaux. Après avoir mis un petit groupe en déroute, le duc de Clarence part en direction de Baugé en sous-estimant la garnison ennemie. Il n'y aura pas l'effet de surprise escompté et ses troupes seront acculées dans les rues pentues du Vieil-Baugé et dans le cimetière.

De l'autre côté de la rive, les Anglais peinent toujours à traverser le Couesnon et les chevaux s'enlisent dans les terres humides. toujours sous le tir des archers écossais positionnés sur les hauteurs. Difficile de traverser le cours d'eau et ceux qui y parviennent sont attendus par les flèches et les coups de piques. Des combats acharnés ont lieu dans tout le Vieil-Baugé. Dans cette mêlée, le duc de Clarence est rapidement encerclé et sa garde débordée. Reconnaissable à sa couronne dorée, il est frappé par un coup de lance en plein heaume puis achevé sur un coup de massue du comte Alexander Buchanan.

L'issue est terrible pour la fine fleur de la noblesse anglaise qui trouve la mort ou se trouve capturée. On annonce des pertes d'environ 1 050 morts et de 500 prisonniers. La mort de Thomas Lancastre, duc de Clarence et frère du roi, ainsi que de nombreux nobles anglais, déstabilise la tentative d'annexion des provinces fidèles au dauphin, le futur Charles VII. Quelques semaines après les événements, celui-ci quitte Saumur pour aller à la rencontre du duc de Bretagne à Sablé.

Cette bataille sera une période charnière de la guerre de Cent Ans car elle constitue la première bataille rangée gagnée par la coalition franco-écossaise et donne un coup de frein à l'annexion quasi totale du pays, ouvrant ainsi une période de reconquête avec Jeanne d'Arc. D'après certaines chroniques, cette attaque perdue des Anglais sera considérée par les Français comme une revanche de la défaite d'Azincourt. Elle aura aussi comme avantage de soulager Yolande d'Aragon qui voit ses possessions d'Anjou mises à l'abri des invasions anglaises.

Longtemps délaissé et tombé dans l'oubli le plus total, le site de la bataille du Vieil-Baugé redeviendra un lieu mémorial puisqu'en 1840 un monument y est érigé sous la forme d'une grosse roche et d'une plaque gravée d'une inscription commémorative. De nos jours, le souvenir de la bataille est ravivé régulièrement par des fêtes populaires et des parades costumées où l'on célèbre la venue en Baugeois du dauphin Charles après la victoire. Au final, ce qui fut un champ de bataille de la fameuse guerre de Cent Ans est facilement accessible du grand public d'autant que nombre de panneaux en rappelle l'historique.