À Brétignolles-sur-Mer, le port de la discorde
Il y a quelques jours, 2 500 personnes se sont mobilisées pour protester contre la création d'un port de plaisance à Brétignolles-sur-Mer, ville côtière située entre Saint-Gilles et les Sables-d'Olonne. La commune évoque des créations d'emploi et des retombées économiques importantes, les opposants parlent d'une « tragédie environnementale ». Angevin natif, vivant en Vendée, sensibilisé à l'écologie, Guillaume était parmi ces derniers en tant que surfeur et plaisancier du dimanche.
Après Notre-Dame-des-Landes et l'affaire de l'aéroport, une nouvelle ZAD (zone à défendre) est en train de voir le jour à Brétignolles-sur-Mer à propos d'un projet de port qui divise la population en deux parties. Déjà, les premiers résistants ont matérialisé leur opposition en dressant un campement à proximité du site de la Normandelière. Et sur les réseaux sociaux, l'opposition s'est organisée en récoltant des dons, en créant une cagnotte, en appelant à la mobilisation, en citant nommément le patronyme de personnalités solidaires, comme ces députés ou ce navigateur.
Que se passe-t-il à Brétignolles-sur-Mer qui puisse susciter l'émoi de notre Angevin ? Dans cette station balnéaire, la Ville a décidé de se doter d'un port artificiel qui pourrait accueillir 925 anneaux de plaisance, d'aménager deux bassins de mer, d'édifier un pont levant, d'enrayer l'urbanisation des résidences secondaires, de créer une centaine d'emplois, de générer des recettes. Voilà pour les grandes lignes. Porté depuis 2003 par le maire Christophe Chabot et sa majorité, ce projet d'aménagement vient d'être validé. Sans plus attendre, et fort de l'autorisation du préfet de Vendée et des services de l'état accordée en juillet 2019, la commune a donc décidé de lancer les travaux.
Immédiatement, la riposte s'est mise en place. Sous la houlette de La Vigie et de Demain Brétignolles, les opposants au projet se sont mobilisés au cours d'un rassemblement qui a réuni plus de 2 500 participants le dimanche 6 octobre. À leur tour, plusieurs associations ont soutenu le mouvement en appelant leurs militants à les rejoindre, on citera Surfrider Foundation Europe, France Nature Environnement, la Ligue pour la protection des oiseaux. Pour ces partisans, rejoints par des particuliers sensibles à l'environnement, il y a urgence à réagir : « Le massacre du littoral a commencé », affirme catégoriquement La Vigie.
Afin de construire le port, et selon le schéma prévu, il faudra couper la plage de la Normandelière en deux sur 150 mètres de long, 60 mètres de large et creuser jusqu'à 15 mètres de profondeur, afin de faire entrer la mer par un chenal. La construction du port et le creusement des deux bassins nécessiteront une emprise de 10 hectares. Une aberration pour les écologistes qui notent l'arasement de la dune, l'abattage des arbres, la destruction d'une zone humide, la mort de la biodiversité, l'accélération de l'érosion...
Les associations Demain Brétignolles et La Vigie, en première ligne du combat, auraient l'intention de déposer un recours en référé, en demandant un gel des travaux. De son côté, le groupe Europe Écologie-Les Verts, section Pays de Loire, dénonce « un projet à contre-courant des enjeux de la biodiversité et de préservation de notre littoral et de la ressource en eau ». Derrière les slogans « #balance ton port » ou « Touche pas à ma plage », une petite pagaille est en train de monter en épingle, les médias s'en faisant l'écho, comme France-Inter récemment dans son émission « Camille passe au vert », qui a relaté le sujet.
Affaire à suivre...